Mise à niveau des entreprises : leçons apprises d’une phase pilote

MISE À NIVEAU DES ENTREPRISES : LEÇONS APPRISES D’UNE PHASE PILOTE

Le Bureau de Mise à Niveau a conduit sur une période de 4 ans la première expérience de Mise à Niveau en Afrique au Sud du Sahara. Si les avis convergent pour décerner un satisfecit général sur la mise en œuvre du programme pilote, force est de constater que des améliorations devront être portées dans le cadre de la pérennisation.

Le Bureau de Mise à Niveau apporte un ensemble d’appuis techniques et financiers aux entreprises qu’il accompagne dans un processus structuré d’amélioration de leur compétitivité. Le principe est de permettre aux entreprises sénégalaises de réaliser les gains de compétitivité et les choix stratégiques nécessaires pour affronter, dans les meilleures conditions, la concurrence étrangère sur le marché local, dans la sous région et dans les marchés internationaux.
L’évaluation de la phase pilote du Bureau de Mise à Niveau, conduit par un groupement de 3 cabinets, a permis de mesurer son efficacité et de tirer les leçons de cette première expérience en Afrique au sud au Sahara. Des améliorations sont envisagées, en dépit des bons résultats enregistrées. Dans la perspective d’une consolidation du processus de pérennisation, une mission à la fois rétrospective et prospective a servi de référence pour la formulation d’une opinion indépendante et motivée sur la pertinence du programme et sur les règles de gestion du BMN. La validation du rapport de mission a permis au Comité de Pilotage de prendre les décisions nécessaires sur les nouvelles orientations du programme. Les évolutions portent essentiellement sur l’élargissement des missions du BMN qui doivent couvrir la restructuration financière des entreprises, la mise à niveau environnementale et l’efficacité énergétique par la mise aux normes des entreprises. Les mesures d’amélioration portent également sur l’allégement des procédures conformément aux attentes des entreprises bénéficiaires.

Ce dernier point, fait l’unanimité. Les procédures de la mise à niveau sont relativement lourdes et ont des incidences directes sur la durée globale du processus. Sans occulter la complexité liée à la méthodologie basée sur une approche globale ciblant les facteurs clés de compétitivité de l’entreprise les simplifications porteront sur un allégement des procédures afin, de réduire les délais de traitement et de renforcer le suivi de la mise en œuvre des plans de mise à niveau. C’est dans cette logique, qu’il faut situer l’adoption de la décision du Comité de Pilotage d’autoriser le cofinancement des actions immatérielles approuvées. Le principe retenu est un apport immédiatement exigible de l’entreprise à hauteur de 30% du coût de l’action et une quote-part du BMN (70% du coût restant, pour solde) qui sera versée directement au Consultant-Prestataire. Dans ce cas, la présentation d’une facture du Chef d’Entreprise conforme à la décision d’octroi des primes, sera exigée préalablement à tout règlement. Un contrôle à posteriori sera exercé, dans le cadre normal des missions de validation des investissements par un expert indépendant.
Déboursements

Une autre avancée pour l’allègement des procédures du BMN porte sur l’accélération des modalités de déboursement des primes. Les entreprises bénéficiaires continueront d’encaisser leurs primes en 3 tranches au maximum, mais désormais au prorata des réalisations validées. En d’autres termes, les seuils de déboursement ne sont plus limitatifs, même si, pour la première tranche, le minimum de 20% de réalisation est toujours exigé et que la demande de clôture du plan de mise à niveau ne peut intervenir qu’à partir de 80% de taux de réalisation.

Les mutations engendrées par la capitalisation de l’expérience de la phase pilote du Bureau de Mise à Niveau ont conduit également à l’élargissement des missions du BMN au volet « Environnent et de Efficacité Energétique ».

Le BMN avait déjà cette préoccupation dans l’élaboration des plans de mise à niveau de la première phase pour permettre aux entreprises de se réajuster par rapport aux exigences d’une production propre et économe en énergie. La nouveauté est qu’elle devient un axe majeur de l’appui du BMN aux entreprises. L’objectif est d’encourager l’adoption de modèles de production qui n’impactent pas négativement sur l’environnement et qui permettent d’alléger la charge trop lourde sur les ressources énergétiques limitées du Pays.
Dans le domaine de l’environnement cela consiste à adopter les standards internationaux (normes ISO 14 000) et/ou à mettre en place des mécanismes de gestion de l’eau, des déchets industriels (substances toxiques, polluants organiques, …). Pour l’efficacité énergétique, il s’agit d’apporter des solutions aux problèmes de l’énergie dus à une mauvaise qualité des services, à la vétusté des équipements, à l’inefficacité des opérations de production et de distribution, etc. La Mise à Niveau veut encourager le secteur privé à investir dans la maitrise de l’énergie.

Il faut signaler qu’au delà des activités initialement définies, le Bureau de Mise à Niveau met en œuvre le Programme d’Assistance Technique aux PME dans le cadre d’un appui du Centre pour le Développement de l’Entreprise (CDE), mais également dans le cadre du Programme de Restructuration et de Mise à Niveau de l’Industrie des Etats Membres de l’UEMOA (PRMN).

L’élargissement des missions du BMN est accompagné par des mesures qui recadrent son champ d’intervention. Les entreprises de plus de quinze milliards de chiffre d’affaires qui jusqu’à présent étaient exclus du programme sont dorénavant éligibles. Une plus forte synergie est à développer avec la Stratégie de Croissance Accélérée. Il importe d’accorder une priorité aux entreprises relevant des secteurs ciblés par les grappes de la SCA : « Agriculture et Agro-industrie », « Produits de la mer et Aquaculture », « Tourisme, Industries culturelles et Artisanat d’art », « Textile et Habillement » et « TIC et Téléservices ».
La pérennisation de la mise à niveau des entreprises sénégalaises suppose aussi de revisiter le mode de fonctionnement de son dispositif opérationnel. Le principe de l’autonomie de gestion du Bureau de Mise à Niveau est renforcé avec l’aménagement d’un nouveau siège offrant des locaux plus fonctionnels. La réorganisation et le renforcement de l’équipe du BMN par de nouvelles compétences en ingénierie industrielle, en management de la qualité, en environnement et en efficacité énergétique vient compléter la série de réformes engagées pour mieux répondre à la forte demande des entreprises et aux exigences de l’étape à venir.

La mise à niveau à encore de beaux jours devant elle.

Poulméry BA